Thérèse
Perdue dans son fauteuil elle fixe le temps
S’écoulant lentement par sa fenêtre unique
Peuplant sa solitude à la vie qui s’étend
Dans la rue devant elle en lueur famélique
Parfois elle s’endort mais jamais trop longtemps
Son sommeil est en dose homéopathétique
Son visage fané retrace ses tourments
Au fil de ces rides de la vie Le grand-air
Le passé La guerre La perte d’un enfant
Celle de son mari à qui vont ses prières
Quatre-vingt douze années un déménagement
Qui l’ont amenée là toujours solide et fière
Le temps a délavé le vert de ses prunelles
Ou peut-être ses larmes ouatant ses souvenirs
Elles se sont voilées mais demeurent si belles
Quand le jade léger s’éclaire d’un sourire
Alors qu’elle nous voit qui arrivons chez elle
Justifiant son attente à la joie d’un soupir