Tendre élégie
Pour chaque mot tracé sur les pages jaunies
Le cœur bat la chamade et violemment s’écrie
Ricochant en à coup sur le silence honni
S’étalent les désirs aux encres de l’écrit
Pétalent les pensées sur les feuilles noircies
Et feuillent les ardeurs dans l’obscure aphonie
Retraçant chaque tige en des vers trop précis
Racinant dans l’oubli la sombre litanie
De proche en loin surgit une odieuse accalmie
Des sens indécente et aux folies ennemie
S’étend sur les éveils une trêve endormie
Enveloppant nos corps d’un linceul qui blêmit
Je verserai pour toi encor le flot rougi
De rimes enflammées empourprant les envies
Des fureurs de mes chairs distillant la magie
Suavement cramoisie de nos esprits ravis
Je boirai troublée ton plaisir jusqu’à la lie
M’abreuvant de ta peau où l’extase s’inscrit
Me noierai avec toi au voluptueux roulis
Qui nous emportera en douceur et en cris